Les auteurs en Transmédia ne sont pas japonais
Le vase n’a d’intérêt que pour le vide qu’il offre. Sa valeur sera ce qui le remplit. Cette idée purement orientale qui valorise le vide est souvent difficile à entendre pour nous, occidentaux. Pour un oriental c’est le principe de toute chose. Le vide est un état recherché car il accueille la création de pensées positives. Le contenant n’a de valeur que par le contenu. Vous me voyez venir ? 🙂
Si il est un sujet qui nous prend la tête à tous en ce moment, c’est justement celui de remplir le vide créé par l’obligation d’accompagner les productions audiovisuelles d’une plateforme supplémentaire, Web ou mobile. Dans tous les cas, interactive. Depuis cinq ans cette vision a motivé mon travail tant à l’INIS sur le programme de formation en médias interactifs qu’au sein d’Espace Infusion que nous avons démarré voilà bientôt un an : faire naître cette troisième voix, celle qui va transcender le linéaire et l’interactif. Parce que les deux univers sont en révolution. Souvent c’est dans l’adversité que l’on s’améliore et que l’on reconnait ses amis…le temps est venu pour chacun de voir la force en l’autre.
LE STORYTELLING TRANSMÉDIA
Ce nouveau buzz est entrain de nous innonder. Si on devait faire l’inventaire de l’encre digitale qu’il fait couler je crois que nous en serions tous à nous endetter à vie pour rééquilibrer le Co2 que nous avons produit !!!! Et pourtant…le vide dessiné par la techno et ses possibles colatéraux a favorisé la renaissance d’une activité seulement humaine, qui n’a jamais arrêté de renaître depuis les grottes de Lascaux en passant par Gutenberg et autres frères Lumière . Celle de raconter des histoires. La grande difficulté est de faire le tri entre la salive inutile qui a pu faire peur et les expériences tentées, parfois réussies mais toujours inspirantes. Ces expériences réussies ont toutes le même point commun: un regard et un travail d’AUTEUR au coeur d’une équipe soudée.
Écoutez ici Jeff Gomez, un des grands maître de cette discipline dans une captation du mois de février 2010 :
AUTEUR ou CONCEPTEUR?
Cette question est sûrement celle qui contribue le plus à diviser les forces. La notion d’auteur sous-entend le talent de raconter une histoire à travers un monde cohérent. Cohérence entre le monde proposé et la myhtologie des personnages qui l’habitent. Rarement, ce mot est attribué aux créateurs de mondes interactifs les concepteurs/scénaristes. Le Storytelling transmédia, plus qu’un type de contenu, c’est surtout une forme. Une forme qui doit s’articuler autour de personnages (comme le roman, la nouvelle ou le film) et non d’évènements. Cette forme nécessite le talent de l’auteur. Celui de donner vie à des personnages crédibles, qui trouveront leur voie sur chacune des plateformes. Je fais parti de ceux qui croient que les auteurs « linéaires » ont déjà tout ce qu’il faut pour faire du storytelling transmédia et les concepteurs qui veulent en faire doivent être des auteurs dans l’âme et l’intention. Naturellement. Il ne leur reste qu’à apprendre ou appliquer les normes d’un monde de relation qui s’exprime à travers ses contenants, ses limites et donc ses forces.
ET PUIS QUI ENCORE?
Le Storytelling transmédia s’inscrit dans un monde organisé d’artistes ET des artisans, au sein d’UNE équipe: le(s) producteurs, le gestionnaire du projet, l’auteur, les geeks, les techniciens audiovisuels, les marketeux, les représentants du diffuseur, les commanditaires. Il est impossible de concevoir un tel « objet » sans avoir bâti l’équipe multidisciplinaire pour en supporter la création, la production et le déploiement. Cela prend une VISION non pas une simple commande deux semaines avant la diffusion. En cela, c’est exactement ce que demande toute production de fiction digne de ce nom…
QUE DES BONNES NOUVELLES FINALEMENT !
Ce que l’on craignait n’est pas arrivé. On ne remplacera pas les auteurs par des concepteurs parce que ces derniers sont entrain d’évoluer, tout comme les auteurs dits « traditionnels » qui sont de plus en plus nombreux à penser à franchir la barrière. La vraie révolution du Storytelling Transmédia , elle n’est pas dans sa forme ni dans sa dimension « multiples plateformes »; elle est dans le fait qu’il FAUT un auteur pour réussir un »objet » tel que celui-là. Quelque soit sa provenance (Web, TV, cinéma..). La révolution est dans l’enrichissement MUTUEL des métiers qui constituent une équipe autour d’un projet transmédia. Une équipe qui se soude pour UN projet. Histoire que le vase révèle toute sa valeur…
Quelques exemples inspirants venus d’ailleurs :
TRUTH ABOUT MARIKA (2007)
BLUEBIRD (juin 2010) Et au Québec : REPERIO (2009)
Autres liens :
– Un article sur le blog de Samuel Escobar, écrit par Isabelle L. Bédart : une passionnée qui vous décortique l’ARG Reperio entre autre.
– Un post sur Jeff Gomez et le Transmédia par Marie Eve Berlinger : Transmédia